TEMOIGNAGES

Albert BARADEL

I

René THALMANN

I 

 Jean MATHIEU   I  Marcel THOMAS

Malgré NOUS

Déporté Malgré NOUS Déporté

       

Albert BARADEL, incorporé de force «Malgré Nous»

 

            Je remercie Jacques CUNY pour avoir fait participer des Alsaciens, autres victimes du nazisme, incorporés de force dans l'armée allemande les "Malgré Nous", dans son film "temps de la Guerre dans le montagne vosgienne et au-delà de 1939 à 1945" (1), afin que ne soit pas oubliée cette tragédie, mais diffusée par devoir de mémoire.

            J’habitais alors au Bonhomme, vers le Col des Bagenelles, pour l’époque du mauvais côté de la chaîne des Vosges.

L'ANNEXION DE L'ALSACE

            En juin 1940, ce fut dès l'invasion la main mise sur la population. Toute l'administration fut remplacée par des fonctionnaires ou administrateurs allemands nazis zélés dont le cynique Gauleiter (super préfet) Robert Wagner dévoué aux ordres d'Hitler qui le mit spécialement en place afin de germaniser  et de "nazifier" l'Alsace dans les plus brefs délais. Hitler s'était donné 10 ans pour y parvenir, Wagner s'était juré d'y parvenir en 4 ou 5 ans avec l'aide de la Gestapo. Il ne recula devant aucune rigueur, Hitler lui ayant donné les pleins pouvoirs.

            Les homonymes et patronymes à consonance française furent germanisés. Le Bonhomme devint Diedolshausen. Petitcolas Kleinklaus. Germain Hermann. Petitdemange Petmunsch. Ce fut la disparition de tout symbole français. Toute littérature française disparut : journaux, livres, revues. Les bibliothèques furent vidées. Il devint interdit de pratiquer le français en public.

            Dans nos vallées vosgiennes, nous pratiquions le patois vosgien lorsque c'était nécessaire, afin d'éviter les oreilles indiscrètes. Toute communication avec l'extérieur de l'Alsace devint impossible.

            Les anciens postes douaniers d'avant 14/18 furent réinvestis (Col du Bonhomme, Sainte-Marie aux Mines etc…) Des douaniers armés patrouillèrent le long de la Crête des Vosges interdisant tout passage.

            Dès juillet 1940, une épuration eut lieu par la Déportation dans le Sud de la France des "indésirables" selon le programme de germanisation. Cela concernait les familles dont un membre était originaire d'un autre département, ainsi que les familles dont un membre était déficient. A ma connaissance, 105 000 personnes subirent ce sort dont au moins quatre familles du Bonhomme.

            L'obligation pour la jeunesse d'adhérer aux organisations nazies telles que la "jeunesse hitlérienne" n'eut que peu d'écho dans notre région. Par contre, l'obligation d'assister ½ journée par semaine au chef lieu du canton dès l'âge de 14 ans à des cours à la soi disant "école professionnelle", n'était autre que des cours de nazification donnés par un prof allemand nazi à qui nous refusions de faire le salut hitlérien qu'il nous imposait à l'entrée et à la sortie des cours.

            Ce fut peine perdue pour lui qui vociférait, nous menaçant de garde à vue à la gendarmerie (allemande). C'était pour nous une forme de résistance.

            Le cynique Robert Wagner (super préfet), s'empressa de créer à Schirmeck en juillet 1940 un camp dit de "rééducation" pour mettre au pas les récalcitrants. Porter un béret pouvait vous y conduire, être surpris ou dénoncé à écouter la BBC dans son émission "Les Français parlent aux Français" (que nous écoutions le plus souvent possible), c'était à coup sûr un "stage" dans ce camp de Schirmeck. 15 000 alsaciens y furent internés. C'est ainsi que plusieurs personnes du Bonhomme y firent un "stage", ayant fait partie d'un réseau de passeurs. Ils furent arrêtés, dénoncés par un faux candidat à l'évasion qui avait remonté la filière. Démasqué, ce collabo fut arrêté à la Libération, condamné à mort et fusillé.

            Il ne faut pas confondre le camp de Schirmeck avec celui du Struthof, ouvert en mars 1941, qui se trouvait à quelques km de là.

            Le Bonhomme étant devenu du fait de l'annexion un village frontalier, de nombreux évadés, prisonniers ou réfractaires y transitèrent. J'ai eu des témoignages d'anciens P.G. ayant obtenu de l'aide dans les fermes. Pour ma part, j'ai assisté à l'arrivée de deux prisonniers évadés qui furent accueillis et réconfortés par mes parents.

 

L'INCORPORATION DE FORCE

            Courant 1941, Wagner, ce personnage détesté instaura l'incorporation de force au travail obligatoire, "Arbeitsdienst" en Allemagne pour les jeunes gens et jeunes filles. Au début, le stage était de six mois pour les garçons natifs de 1922 à 1924, puis il fut de trois mois pour les natifs des années suivantes. En temps de guerre, le travail dit "obligatoire" n'était autre qu'un régime d'instruction militaire dans toute sa rigueur.

            Par ordonnance du 25 août 1942, en violation à toute règle, Wagner instaura l'incorporation de force dans l'armée allemande ; il insista contre l'avis personnel d'Hitler ainsi que du Haut Commandement de la Werhmacht, représenté par le Maréchal Keitel, qui se souvenait que les Alsaciens, "Malgré Nous" de la guerre 14/18 désertèrent en masse. Toutefois, à force de persuasion, Wagner eut gain de cause. Il en porte seul la responsabilité.

            A partir de cette date, 100 000 alsaciens subirent ce sort. Cela concerna les natifs de 1908 à 1928, c'est-à-dire de 16 à 36 ans, soit 21 classes. 30 000 Mosellans, soit 14 classes furent incorporés à partir du 17 octobre 1942. Cela fit environ 130 000 incorporés de force. 90% furent envoyé sur le Front Russe.

            Des dizaines de milliers s'évadèrent, on ne saura jamais combien sont morts, abattus lors de leurs tentatives d'évasion, soit par les Allemands qui les ont surpris, soit par les soviétiques qui les ont pris pour des ennemis. Nombreux sont ceux qui se rendirent devant l'avance des troupes russes.      Parmi eux, beaucoup on été exécutés avant de pouvoir s'expliquer et de convaincre qu'ils ne faisaient pas partie de la L.V.F. ou de la Division Charlemagne. Les rescapés furent internés dans le mémorable Camp de Tambov en Russie, 1 500 d'entre eux furent libérés le 7 juillet 1944 et rejoignirent Alger après un long et éprouvant voyage. Ils s'engagèrent dans les Forces Françaises de Libération ; parmi eux mes deux plus proches voisins du Bonhomme, André Mathis et Robert Claudepierre.

            Dès le début de l' incorporation au Travail Obligatoire en 1941, les évasions s'accentuèrent vers la Suisse, le Territoire de Belfort et les Vosges pour atteindre environ 20 000 fugitifs.

            A partir du 25 août 1942, le cynique Wagner, devant l'hémorragie causée par les fuyards, prit des mesures afin de dissuader les candidats à l'évasion en faisant déporter ver la Silésie les familles d'évadés, parents frères et sœurs et même au-delà. Quant aux hommes mariés mobilisables, ce furent les épouses et les enfants qui furent menacés. Au Bonhomme, 2 familles furent déportées en Haute Silésie en 1943.

            Les fugitifs sont envoyés au Camp de Schirmeck pour un stage plus ou moins long selon la sentence, quelquefois directement au Front Russe dans des bataillons disciplinaires. D'autres furent emmenés au Camp de Schirmeck  et fusillés pour l'exemple. C'est ce qui arriva à 13 conscrits de Ballersdorf dans le Sundgau, qui tentaient de passer en Suisse. Ils ne furent pas les seuls à subir ce sort, à la frontière les douaniers faisaient usage de leurs armes pour abattre les fuyards ; un journal nazi en donnait la liste.

            Le comble de l'outrage fut atteint lorsque le machiavélique et tout puissant Robert Wagner, afin de lui être agréable pour son 55ème anniversaire en avril 1944 fit un cadeau supplémentaire à son idole Adolphe Hitler, en faisant enrôler de force 4 000 Alsaciens de différentes classes dans les SS ; Wagner venait par là de franchir un degré supplémentaire dans son cynisme. Les Mosellans échappèrent à ce sort, leur Gauleiter (super préfet) Burckel fut moins exigeant.

            Une fois encore le gouvernement de Vichy ne fit aucune objection à ce crime supplémentaire, d'ailleurs, il faut se demander s'il n'était pas complice puisqu'il incita 40 000 Français (dont 125 officiers)des autres départements à "s'engager volontaire" dans la L.V.F. et à la Division SS Charlemagne, ce ne furent pas les moins actifs dans la chasse aux Résistants.

            Le bilan consécutif à la tragédie des Malgré Nous se solde par 40 000 morts ou disparus dont 10 000 sont morts en captivité dans les Camps de prisonniers soviétiques, dont le Camp de Tambow de triste réputation, 30 000 furent invalides par blessures.

Le Bonhomme compta 32 incorporés. 15 n'en sont pas revenus.

            Il est à noter que les chiffres donnés proviennent de revues ou ouvrages traitant du sort des Malgré Nous.

 

MA VIE SOUS L'UNIFORME ALLEMAND

 

            Pour ma part, je fus incorporé en novembre 1943 à l’âge de 17 ans au soi-disant travail obligatoire qui, en réalité, était un avant goût de l’armée avec toute sa rigueur.

            Peut-être va-t-on me reprocher de ne pas m'être évadé, j'étais l'aîné d'une famille de quatre enfants, deux sœurs âgées de 13 et 11 ans et un frère de 6 ans. Valait-il mieux savoir sa famille dans la misère et le désespoir, ou se sacrifier, là était le dilemme. Ma conscience n'aurait cessé de me reprocher ma lâcheté.

            Mon stage au travail obligatoire terminé, un autre périple allait commencer. Ce fut l'incorporation de force le 12 avril 1944 dans l' Armée du Reich. J'y partis avec la ferme intention de m'en évader à la première occasion, mais de façon à ne pas laisser supposer que ma disparition puisse être volontaire, afin de ne pas attirer d'ennui à ma famille.

            Première destination, Tarnow à l'est de Cracovie en Pologne. Arrivé dans un camp d'instruction, nous y avons croisé des volontaires de la L.V.F. ou de la Division SS Charlemagne. La honte de la France de Vichy.

            Ce fut pour nous, incorporés de force sous la contrainte, l'écoeurement et le dégoût de rencontrer des Français engagés volontaires portant la tenue des SS avec sur l'épaule gauche un écusson bleu blanc rouge.

            Pris en main par les sous-officiers rescapés du Front Russe, nous recevons notre équipement, puis départ pour un entraînement intensif à l'est de Debrecen en Hongrie. Ensuite, après une dizaine de jours de transport nous arrivons à notre destination définitive le 31 mai en Italie sur la côte ouest en Toscane à environ 50 km du Front.

            Pour arriver à notre destination, nous avons dû traverser des régions dangereuses, telle que la Slovénie en train, avec la constante appréhension d'être attaqué à tout moment par des partisans très actifs dans leurs montagnes ; il en fut de même en Italie pour la traversée des Appennins.

Etaient avec moi dans cette section : Marcel COURVOISIER de LALAYE, Jean-Paul MAIRE de SAINTE CROIX AUX MINES (Je parlerai d'eux dans un autre chapitre), Charles et Urbain COUTY de FRÉLAND, JACQUAT et TOUSSAINT de LABAROCHE.

 

LA RÉSISTANCE EN Italie

            Le 15 juin, ayant rencontré fortuitement et discrètement un résistant italien parlant le français, je lui avais expliqué la raison de ma présence dans l'armée allemande, ainsi que ma nationalité. L'ayant mis en confiance, je lui expliquais mon intention de m'évader pour rejoindre les maquisards. Il me fut d'un précieux secours en m'indiquant une ferme isolée où je pourrais me rendre en toute confiance.

            Marcel Courvoisier ayant été mis au courant de ma découverte, nous décidions tous les deux d'en finir avec les "Vert de Gris" et de tenter notre chance dans la soirée du 16 juin. Mais le destin fit qu'il y eut un empêchement à mettre notre projet à exécution, ayant été séparé de mes camarades patoisants.

            Le 17 juin, je profitais d'une certaine désorganisation pour tenter ma chance, accompagné de Louis RICHARD, autre alsacien, et rejoignons la ferme indiquée où l'on nous procura des vêtements civils, et où l'on nous hébergea. Deux jours plus tard, deux autres alsaciens nous rejoignirent : Henri Rubly et Charles Kreder.  Ce 19 juin 1944, avant le départ pour le maquis, un résistant italien témoin de notre évasion, avec qui j'avais sympathisé dans la ferme où je m'étais réfugié, prit quelques photos de notre groupe. Puis une patrouille de partisans vint à notre rencontre pour nous accompagner vers le groupe qui nous attendait. Accueilli favorablement par les responsables, nous avons de suite obtenu des armes.

            Pendant trois semaines, en pleine nature montagneuse, et loin de toute habitation, nous avons participé à de nombreuses actions contre les troupes allemandes en retraite.

 

           Le 5 juillet, nous avons été attaqués par surprise. J'ai eu l'immense peine de perdre mon ami Louis Richard, disparu au combat.

            Le 7 juillet de bon matin, pris dans une embuscade, ce fut Kreder qui fut abattu à mes côtés dans une zone boisée et escarpée. Nous étions en no man's land sans nous en rendre compte. Cette journée là, Rubly et moi-même l'avons passée sous un déluge de feu ; nous en sommes sortis miraculeusement sans une égratignure, mais avec des séquelles.

            Le lendemain 8 juillet, nous étions enfin libérés sous la protection des premières lignes américaines, mais notre joie fut de courte durée : arrivés à l'arrière du Front, nous avons été désarmés sans ménagement. Après une fouille méthodique, confiscation de nos montres et des quelques objets en notre possession, suivit un interrogatoire. Puis on nous fit rejoindre un groupe de prisonniers allemands. La rage au cœur il fallut nous soumettre. Combattants contre eux, nous venions de retomber sous leur coupe, car les autorités américaines avaient délégué leur pouvoir aux gradés allemands prisonniers. Ce ne fut pas drôle pour nous qui protestions de cette situation invraisemblable.

Cette situation outrageante dura 15 jours. D'abord transportés jusqu'au port de Civitavecchia sur 400 km en G.M.C., en attente d'un regroupement, la suite du "voyage" se fit par bateau à bord d'un "Liberty Sheep". A fond de cale avec en prime la dysenterie.

Ainsi nous sommes arrivés après deux jours de navigation au port de Naples.

Transférés dans un camp de prisonniers à Aversa au nord de Naples, nous étions sous la tutelle de sous-off allemands qui, n'avaient rien perdu de leur arrogance. Refusant de me soumettre, je répondis à l'un d'eux : "Lech Mich Am Arsch" (Baise mon c…). En représailles, il me fit subir des violences.

Cette situation prit fin le 22 juillet, après 15 jours de cauchemar.

            Nous avons été libérés à la suite d'un interrogatoire pratiqué par une délégation d'officiers français venus à notre rencontre.

            A noter que Henri Rubly et moi-même étions les premiers "Malgré Nous" de notre classe à rejoindre les alliés. Nous étions soupçonnés d'être des volontaires dans l'armée allemande.

            Voilà la raison pour laquelle nous avons passé un interrogatoire relativement poussé. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Je rends un hommage aux Services de Renseignements Français pour les questions qui me furent posées.

            La France était encore occupée, la Normandie n'était pas encore entièrement libérée. Il était hors de question que les services de renseignements puissent correspondre avec la Métropole et surtout avec l'Alsace qui était annexée. Pourtant ces services étaient parfaitement au courant de ce qui se passait à cette époque au village du Bonhomme.

            Voici, dans l'ordre les questions qui me furent posées :

            1 - Quel est le nom du maire du Bonhomme ? "Léon Mayer."

            2 - Quelle est sa profession ? "Facteur."

            3 - Quels sont ses sentiments ? "Collaborateur." Il fut arrêté et condamné après la Libération.Il nous avait qualifié de petits voyous, car nous étions à plusieurs à refuser d'assister aux réunions de la Jeunesse Hitlérienne, pourtant obligatoire.

            4 - Quel est le nom de l'ancien maire ? "Emile Claudel."

            5 - Quelles sont ses décorations ? "Il fut décoré de la Légion d'honneur en 1934."

            5 - Que sont devenus Charles Minoux, son beau-frère André Petitdemange, et leurs épouses ? "Charles Minoux, André Petitdemange et Henri Haxaire ont été arrêtés en juin 42 pour avoir fait partie d'un réseau de passeurs, et internés au Camp de Schirmeck."

            Ayant répondu favorablement à toutes les questions, il me félicita, prit congé et m'annonça que je serais libéré le lendemain.

            J'ignore les questions qui furent posées à Rubly, ayant été interrogé séparément.

 

            Leur ayant formulé une demande d'engagement volontaire pour la durée de la guerre, c'est ainsi que Rubly et moi-même avons endossé avec fierté l'uniforme des Forces Françaises au Corps Expéditionnaire Français en Italie, affectés à la Compagnie de Commandement de la Base Plage 901/5 basée à Naples.

            J'y suis resté jusqu'à mon départ à la mi septembre pour l'Algérie, à l'issue de 7 semaines de présence au Corps Expéditionnaire Français, où nous occupions une aile du palais Royal de Naples.

Avec mon compagnon Henri Rubly, nous avions opté pour l'Armée de l'Air. Il quitta Naples courant août. Pour ma part, j'embarquais à Naples sur un navire anglais et arrivais à Alger après une semaine de navigation dans un convoi composé d'une quarantaine de bateaux, y compris ceux chargés de notre protection, car il était à craindre la présence de sous-marins allemands.

            Arrivé à Alger, je fus dirigé le 28 septembre sur Beni Méred, centre d'instruction de l'Armée de l'Air situé à quelques km de Blida où je fus affecté par la suite.

            S'étant évadés à leur tour, Marcel Courvoisier ainsi que Jean Paul Maire me rejoignirent en Algérie. Quant à Rubly et moi-même, c'est comme cadres administratifs que nous avons terminé notre périple à la Base aérienne de Blida en Algérie.

Nous avions 19 ans lors de notre démobilisation en novembre 1945.

            Lors de mon évasion, ayant séjourné deux jours dans une cache en compagnie de plusieurs résistants italiens, l'un d'eux avec qui j'avais sympathisé, a voulu immortaliser cette rencontre en prenant quelques photos de notre groupe quelques instants avant le départ pour le maquis.

Il y a plusieurs années, ayant retrouvé mon adresse que je lui avais confiée à l'époque, il me les fit parvenir, ce qui me permit de renouer contact avec lui et de le rencontrer.

            D'autre part, en compagnie de mon ami Rubly, nous sommes retournés à de nombreuses reprises en Toscane à la recherche d'indices nous permettant de retrouver les lieux où nous avions combattu, ainsi que la sépulture de nos deux camarades tombés au maquis.

L'une de ces photos apparaît dans le film de Jacques Cuny : c'est l'ultime souvenir d'eux, tombés pour la Liberté.

 

LA FIN DU TYRAN ROBERT WAGNER

 

            Lors de l'avance des Troupes Françaises en Allemagne, l'épouse de Wagner fut arrêtée à Constance et transférée à Paris dans un service spécial pour interrogatoire au sujet de son mari recherché pour crimes de guerre, mais elle réussit à se suicider.

Wagner en fuite, vivant dans la clandestinité, sans ressources et malade, vint à apprendre le décès de son épouse. Il décida de se rendre le 29 août 1945 à la Police Militaire Américaine à Tuttlingen en Wurtemberg, qui, après son interrogatoire, le remit aux Services Spéciaux Français.

Jugé par le Tribunal Militaire Français siégeant au Palais de Justice de Strasbourg, il fut condamné à mort le 3 mai 1946.

            Il fut fusillé le 14 août 1946 au Fort Ney à Strasbourg, puis incinéré. Il avait sur la conscience la mort de milliers de victimes, dont les 40 000 Malgré Nous disparus. Il reconnut en être le seul responsable du fait de son ordonnance du 25 août 1942.

            A la Libération du Bonhomme,le village comptait une quinzaine d'évadés dont trois Malgré Nous ayant revêtu l'uniforme Français qu'ils portaient avec dignité et fierté.

Parmi eux, plusieurs ont été honorés de la Croix de Guerre avec citations.

            Nous venions tout simplement de faire notre devoir, en lavant l'outrage que le Gouvernement de Vichy, auteur de nos malheurs, nous fit supporter.

Albert BARADEL, Malgré Nous.

"Du temps de la Guerre". Mémoire vivante de la Guerre 39 à 45 dans la montagne vosgienne… et au-delà.
 Un film de Jacques Cuny. 72 mn. Disponible en cassette VHS et DVD.
 Association Optimage 135 route du Palmont 88650 SAINT-LÉONARD. Tél :  03 29 50 03 64

 

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